Le portrait du Balance blond
La vie auprès du Balance blond n'est pas facile et peut même se révéler insupportable, à moins que vous n'ayez le sens de l'humour et beaucoup de tolérance. Son instinct de possession sentimentale et sa jalousie sont un calvaire pour son entourage. Que vous soyez son conjoint ou sa maîtresse, son enfant ou son filleul, son ami ou son voisin, il cherchera par tous les moyens, à vous monopoliser et à entraver votre liberté de choisir vos relations. Il a toujours peur - inconsciemment la plupart du temps d'ailleurs - que d'autres ne prennent sa place dans votre coeur ou dans votre vie. Son défaut le rend souvent désagréable et constitue un grand obstacle à son harmonieuse insertion sociale. Il devra apprendre, par lui-même, qu'il est absurde et impossible d'exiger des autres amour et amitié, et que les affections véritables ont besoin de liberté et de respect mutuel. C'est la spontanéité et non la contrainte qui fait la valeur des effusions du coeur.
Le Balance blond aime la vie qu'il considère comme un don du Ciel. Bon vivant, sensuel, ne prenant pas le plaisir pour un péché, il sait apprécier la chair de l'autre sexe et aussi la bonne chère. Cet épicurien ne se refuse rien qui lui plaise. Mais le danger qui menace son bonheur est qu'il a tendance à dépasser les limites raisonnables. C'est en pensant à la démesure qu'Épicure lui-même disait : "Le plaisir n'est pas un mal en soi, mais certains plaisirs apportent plus de peine que de plaisir." On conseillera donc au Balance blond de pratiquer la modération dans l'assouvissement des demandes de ses sens alors même que "la plus grande perfection de l'âme est d'être capable de plaisir" (Vauvenargues).
Le Balance blond essaie toujours de mener à bien tout ce qu'il entreprend. Mais ce perfectionniste, ce maniaque s'épuise à force de s'occuper des détails comme s'ils étaient l'essentiel. Certains de ses échecs sont nettement imputables à sa méticulosité. D'une façon plus générale, le Balance blond est toujours attentif aux bagatelles, à telle enseigne qu'il perd souvent de vue ce qui est important. Il est dans son intérêt de savoir que "les arbres empêchent de voir la forêt" (proverbe russe).
Passionné de la vie et voulant toujours la croquer à belles dents, le Balance blond a horreur de la maladie. Se retrouver cloué au fond de son lit est pour lui se trouver en enfer. Pourtant il devrait savoir qu'aucun mortel n'est à l'abri de la maladie. L'attitude la plus sage serait de mener une vie saine, sans excès d'aucune sorte, afin de prévenir la maladie et, si elle vient malgré toutes les précautions, de l'accepter avec résignation. D'ailleurs, nous pouvons toujours tirer des avantages de tout ce qui nous arrive, y compris les maladies. Pour Pline le Jeune, la maladie est une école de vertu. Il disait : "Nous ne sommes jamais si vertueux que lorsque nous sommes malades." Nous pouvons également avoir une meilleure connaissance de nous-mêmes, et par là avoir accès à la sagesse, lorsque nous sommes malade. "La maladie enseigne ce que nous sommes", dit un proverbe anglais.
Le Balance blond adore les mondanités. Réceptions, sorties et soirées ont plus d'importance pour lui qu'un sommeil suffisant ou la lecture d'un bon livre. On voit qu'il ne ménage pas beaucoup sa santé alors qu'il n'aime pas être malade, et qu'il se contente d'être superficiel. Pourtant il existe en lui un fonds de sagesse qu'il pourrait facilement exploiter s'il voulait vraiment vivre heureux.
Le portrait du Balance brun
Le Balance brun agit assez souvent sur des coups de tête, mais seulement lorsque rien de vraiment vital n'est en jeu. Pour le reste, il sait faire preuve de bon sens et se conduit en personne réfléchie. Il a rarement à se repentir de ses actions.
Le Balance brun peut réussir dans n'importe quel métier pour peu que celui-ci lui plaise - car il souffre du complexe d'échec chaque fois qu'il doit effectuer un travail qui ne convient pas à ses goûts. Si la diversité de ses talents est indiscutablement un atout majeur, son goût de l'effort n'est pas très développé et entrave quelque peu sa marche vers le succès. Il lui importera d'apprendre la valeur de l'effort, car "rien ne vient sans peine, sauf une mauvaise réputation" (proverbe écossais).
Le Balance brun considère la fidélité en amour comme une chose bonne pour les autres mais pas pour lui-même. Il serait bien difficile de trouver le Balance brun attaché exclusivement à une seule partenaire ; on le voit beaucoup plus fréquemment entretenir de multiples liaisons et poursuivre des passions tumultueuses. Celle qui l'aime doit tenir compte de cette particularité de son partenaire afin d'adopter une attitude appropriée - car ni les cris ni les larmes ne sont susceptibles de changer le comportement du Balance brun.
Aimant l'amour pour l'amour, le Balance brun aime aussi la bonne table. Mais c'est un gourmand plutôt qu'un gourmet : il apprécie davantage la quantité que la qualité, à la façon de Gargantua. On ne s'étonnera pas de le voir parfois atteint de troubles fonctionnels dus à une alimentation pléthorique. Il ne serait pas inutile de lui rappeler que "les grands mangeurs et les grands dormeurs sont incapables de quelque chose de grand" (Henri IV) et que "celui qui mange l'estomac plein, creuse sa tombe avec ses dents"(proverbe turc).
On doit lui rappeler aussi la nécessité de l'exercice physique, car il cherche toujours des excuses pour s'en passer. La vie moderne ne favorisant pas la fatigue musculaire bénéfique, le Balance brun trouvera son intérêt à pratiquer un ou plusieurs sports, à faire du jogging, de la marche ou de la gymnastique. Il ne devra pas oublier que "l'exercice est au corps ce que la lecture est à l'esprit"(Richard Steele) et que la santé de l'âme dépend étroitement de celle du corps. Ce n'est pas sans raison que ce souhait de Juvénal garde toute sa valeur à travers les siècles : "Souhaitons que l'esprit soit sain dans un corps sain" (mens sana in corpore sano). Pour Montaigne, l'entraînement physique est un élément indispensable à la pensée et à la sagesse. Il disait : "Mon esprit ne va pas si les jambes ne l'agitent."
Si l'on voulait faire des éloges du Balance brun, on ne saurait omettre de mentionner sa philanthropie. Car le Balance brun aime les hommes et recherche leur compagnie. Sa devise paraît être celle de Térence : "Je suis homme et rien de ce qui est humain, je crois, ne m'est étranger." On pourrait pourtant lui reprocher d'être philanthrope par pensée et sentiment plus que par acte. Le jour où il saura se dévouer au bien-être général de la communauté humaine, il pourra sortir de lui-même et éprouver de grandes satisfactions. Le bonheur n'est autre que cela.